Le bout du monde - 10 -

Publié le par Anthony

"L'Aimable Sophie", énorme trois mâts armé à la pêche arriva sur les bancs de Terre Neuve après trois semaines de naviguation. La traversée se déroula sans encombres et dans les conditions de la grande époque des morutiers. Pour les quelques marins aguerris composant l'équipage elle fut pénible. Ils étaient habitués des moyens de naviguation moderne, embarquer sur une antiquité inconfortable semblait une punition. Pour les autres, le gros des troupes, c'était l'aventure de leur vie. Historiens, étudiants, retraités, ils suivaient les traces de leur aïeux. La difficulté était leur manière de transcender leur vie, un tribu à payer aux ancêtres, l'affirmation de leur virilité, un chemin vers l'illumination. 

Simon avait débarqué là par hasard. en l'espace d'un mois sa vie avait basculée dans l'inconnu. Il était riche et embarqué vers les lieux de perdition de ces ancêtres. Il avait considérablement reduit ses phases de sommeil, et celui ci était passé d'un statut de loisir à celui de repos. Le mal de mer l'avait un peu agité au départ et puis le temps faisant, il s'y était fait. En revanche l'étrange sensation d'être sous surveillance ne l'avait pas quitté. Le Nerrant était devenu plus distant, il prenait l'expédition au sérieux, de lui dépendait la réussite. Ses fonctions de commandant lui laissaient peu de temps pour le jeune mousse. Pourtant quand quand ils furent enfin arrivés à destination, c'est lui qu'il vint trouvé en premier.

La pêche fut longtemps pratiquée à bord des chaloupes. Après la grand traversée, le bateau dérivait avec le banc de morue et les marins descendaient dans les petites embarcations  pour mouiller des lignes de fonds parées de centaines d'hameçons. Cette technique était dangereuse et quelques chaloupe ne revenaient pas. Les jours de brumes, le chemin du retour était parfois bien difficile à retrouver et semer des cailloux sur l'eau n'est pas aisé.

Ce jour là était dégagé, Le Nerrant avait jugé le danger minime. Il voulait être le premier à descendre, il prit Simon avec lui. Ils s'éloignèrent à la force de leurs bras et commencèrent à jeter les lignes. 

- C'était le boulot de nos ancêtres petit, de nos ancêtres communs.
- Ouais, ils en ont chier les bougres.
- Nos ancêtres communs...
- Hein ?
- On est de la même famille mon gars.
- Non ?! Pourquoi tu m'a rien dit avant ? c'est génail ça !
- Ton arrière grand père est mon grand père. Ahahah ! Mais j'suis pas ton père me regarde pas comme ça ! Non, ton arrière grand père avait la vie dure, comme tout les hommes à cette époque. Quand il rentrait au port sa seule femme ne lui suffisait pas toujours. 
- Tu veut dire que...
- C'était pas un héro, il à mis enceinte ma grand mère, et j'ai débarqué plus tard.
- Tu es une sorte d'oncle alors, un grand oncle ? 'Tin j'ai de la famille maintenant !
- T'emballe pas, la famille c'est plus que du sang. Forcément il nié être le père, ma grand mère c'est retrouvée seule, fille mère. Tu sais ce que ça voulait dire à l'époque ?!

Le ton montait d'un cran, Le Nerrant avait cessé de jetter les lignes à l'eau, sur l'horizon, des nuages s'avançait doucement en glissant sur la mer d'huile. 

- J'suis désolé Le Nerrant...
- Ma grand mère à dû s'enfuir, avec un gamin sous le bras. Fille mère, tu parle, aucun homme ne voulait d'elle ! A si pour la baiser, là il y avait du monde, mais pour l'aimer il n'y avait plus personne !
- Le Ner..
- Tais toi ! Ecoute moi bien, avant de partir pour le bordel à Quimper, une nuit, alors que les bateaux étaient partis, elle à allumée des bougies. Tu connais la magie des simples petit ?! Elle a maudit tout les hommes de ta famille. Si c'était pas la mer qui les prenaient, le destin trouverait un chemin, ton père n'y a pas coupé !
- Le Nerrant tu me fous les j'tons, j'ai rien à voir là dedans moi !
- Oh que si gamin ! T'es la dernière génération, sans descendance ta famille peu s'éteindre, la malédiction aussi et moi avec.

Pendant ce temps la brume les avait rejoint, elle les avait engloutit sans criée gare, en quelques minutes. Le trois mâts avait disparut derrière l'épais rideau. Le chemin du retour serait difficile à retrouvé.

- N'imagine pas que tu pourra t'en sortir, cette brume est épaisse, quand elle tombe sur toi ça peu durer plusieurs jours. On va crever ici, et l'histoire sera finie.

Que dire à un être dement, Le Nerrant avait changé de visage. Simon le savait bien, lutter contre lui ne servirait à rien. Ils dérivèrent longtemps, la brume ne se leva pas, comme le vieux l'avait prédit. Ils restèrent tous les deux, le bourreau et sa victime à bord de la même chaloupe. Face à face. C'est peut être les années de Simon passées dans les rêves qui le sauvèrent, peut être son détachement naturel vis à vis du monde. Toujours est-il qu'après plusieurs jours sans s'adresser la parole, Simon pardonna au vieux fou. Peu après la brume s'ouvrit sur une ïle, la suite appartient à la légende. 

Publié dans Le bout du monde

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C
Et voilà! On comprend mieux maintenant! Tu n'as pas raté le coche! Sympa l'histoire! J'aime bien l'idée de la malédiction comme ça!
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A
<br /> Merci ! ça me fait très plaisir. QUand je vais retravailler le truc, j'vais me pencher sur la fin, pour l'étoffer un peu.<br /> <br /> <br />
M
Bonsoir,<br /> Beaucoup de boulot en ce moment... et donc peu de temps sur overblog.<br /> Je ne sais si je vous l'ai déjà dit, je lis régulièrement tous les articles publiés dans la communauté "écriture/culture". Mais, il arrive également que ma visite ne s'accompagne pas d'un commentaire. <br /> A bientôt.<br /> MG
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A
<br /> ;)<br /> <br /> <br />
C
haha j'ai bien aimé ton " les femmes écrivains sont moches!" :p
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A
<br /> Les îdées reçues c'est marrant faut dire, on peu en trouver pleins !<br /> <br /> <br />
B
Bonsoir, je découvre ton blog, suite à ta visite et à ton épitaphe pleine d'humour..j'aime<br /> A bientôt <br /> Amicalement
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A
<br /> Merci, je visiterais le tiens à l'occasion pour participer à tes défis, et parcourir tes textes. Chouette îdée de faire participer les gens.<br /> <br /> <br />